Martin-pêcheur d'Europe
Alcedo atthis - Common Kingfisher
Systématique
-
Ordre:
Coraciiformes
-
Famille:
Alcédinidés
-
Genre:
Alcedo
-
Espèce:
atthis
Descripteur
Biométrie
- Taille: 16 cm
- Envergure: 24 à 26 cm.
- Poids: 30 à 45 g
Longévité
15 ans
Distribution
Description de la famille
La famille des Alcédinidés, forte de 19 genres et 116 espèces, occupe tous les continents, excepté bien sûr l'Antarctique.
La taille de ses représentants va de celle d'un moineau à celle d'une corneille. La majorité fréquentent les milieux aquatiques et leurs abords, les autres étant plut... lire la suite
Identification
Le Martin-pêcheur d'Europe est un petit alcédinidé de l'Ancien Monde au plumage bleu et roux, comme un bon nombre de membres de la famille, et le seul à avoir cet aspect sur la plus grande partie de son aire de répartition eurasiatique.
Le dimorphisme sexuel est faible. L'adulte a l'ensemble des parties supérieures bleues, d'un bleu particulièrement vif du manteau aux sus-caudales. Les scapulaires et les couvertures alaires sont plus sombres, nuancées de vert et ponctuées de bleu clair. Les parties inférieures sont d'un roux vif à l'exception de la gorge blanche à crème. Le patron de tête est remarquable. Le dessus est d'un bleu nuancé de vert et nettement moucheté. La zone lorale noirâtre inclut une tache rousse. L'œil est sombre. La zone auriculaire rousse, bordée de bleu dessous, est typique de l'espèce. Sur les côtés du cou s'esquisse un collier blanc.
En période nuptiale, le bec en dague est entièrement noir chez le mâle adulte, noir avec la base de la mandibule inférieure orange chez la femelle adulte. Les petites pattes, typiques de la famille, sont rouge-vermillon.
Les sept sous-espèces décrites ne montrent que des différences assez minimes de taille et de couleur.
Le juvénile est globalement plus terne, que ce soit les parties supérieures, moins bleues et plus vertes, ou les parties inférieures d'un roux moins vif avec au début la poitrine obscurément marquée de brunâtre. Le bec noirâtre possède une pointe blanchâtre et les pattes sont rosâtres.
Indications subspécifiques 7 sous-espèces
- Alcedo atthis atthis (s Spain and n Africa east to c Siberia, nw China and nw India)
- Alcedo atthis ispida (s Norway, the British Isles and n Spain to w Russia)
- Alcedo atthis bengalensis (c India to se Siberia, Japan and se Asia)
- Alcedo atthis taprobana (s India and Sri Lanka)
- Alcedo atthis floresiana (Lesser Sundas)
- Alcedo atthis hispidoides (Sulawesi, Moluccas, w Papuan islands, New Guinea, Bismarck Arch. and Louisiade Arch.)
- Alcedo atthis salomonensis (Solomon Is.)
Noms étrangers
- Common Kingfisher,
- Martín pescador común,
- guarda-rios-comum,
- Eisvogel,
- jégmadár,
- IJsvogel,
- Martin pescatore,
- kungsfiskare,
- Isfugl,
- rybárik riečny,
- ledňáček říční,
- Isfugl,
- kuningaskalastaja,
- blauet comú,
- Bláþyrill,
- zimorodek (zwyczajny),
- zivju dzenītis,
- vodomec,
- Зимородок,
- Raja-udang erasia,
- カワセミ,
- 普通翠鸟,
- นกกะเต็นน้อยธรรมดา,
- 普通翠鳥,
Voix chant et cris
Le cri habituel du Martin-pêcheur d'Europe, ou tout au moins celui qu'on entend le mieux et le plus fréquemment est un "siii" appuyé et incisif qui rappelle un peu le cri de l'Accenteur mouchet, mais en beaucoup plus puissant et répété. C'est par ce cri que l'oiseau s'annonce quand il arrive en vol comme une flèche bleue au-dessus de l'eau.
Le chant est une succession de sifflements stridents de fréquence un peu variable.
Un "tri tri tri tri tri..." aigu et vibré est utilisé pour en imposer à un congénère ou repousser un intrus.
Les jeunes quémandent au nid avec des cris roulés incessants de tonalité basse.
Habitat
Le Martin-pêcheur d'Europe fréquente le bord des eaux qu'elles soient stagnantes ou courantes. Ces eaux peuvent être très diverses, mais elles doivent surtout être très poissonneuses, riches en petits poissons de taille adaptée à la sienne. L'eau doit être suffisamment claire pour qu'il puisse y pêcher efficacement. Il lui faut également une végétation riveraine sur laquelle il puisse se tenir à l'affût de ses proies, même si occasionnellement il peut pratiquer un vol stationnaire de repérage. Le milieu peut être naturel ou alors complètement artificiel.
Pour la reproduction cavernicole typique de l'espèce, le martin-pêcheur doit avoir à sa disposition des "fronts de taille" facilement accessibles, assez fréquents le long des eaux vives, dans lesquels il pourra creuser du bec le tunnel de nidification horizontal qu'il élargira à son extrémité pour accueillir le nid. Le substrat doit être favorable au creusement mais ni trop friable pour tenir dans le temps, ni trop caillouteux. Un substrat sablo-limoneux est une sorte d'idéal.
Le long des cours d'eau, le martin-pêcheur trouve d'habitude le gite et le couvert. En revanche, ce n'est pas toujours le cas pour les plans d'eau. Il peut y avoir distanciation entre les zones de pêche et le site de nidification. Le martin-pêcheur est capable d'aller trouver un site terrestre favorable à la nidification jusqu'à quelques centaines de mètres de l'eau, en survolant les terres.
Les populations sédentaires restent toute l'année sur les mêmes eaux et ce sont les jeunes de l'année, erratiques, qui assurent la dispersion de l'espèce et le brassage de la population. En revanche, pour les populations soumises à un climat continental à hivers froids, la migration est de rigueur. Les zones d'hivernage sont distinctes des zones de nidification et les trajets migratoires peuvent atteindre plusieurs milliers de km. À cette saison, ces martins-pêcheurs sont volontiers côtiers et fréquentent les littoraux rocheux, les estuaires, les lagunes, les ports, les mangroves, etc.
Comportement traits de caractère
On entend le martin-pêcheur plus qu'on ne le voit. C'est en général à son cri perçant qu'on est averti de sa présence.
Il n'est pas facile de le trouver perché dans la végétation, immobile, malgré ses couleurs vives. En revanche, quand on sait où il se trouve, il suffit d'attendre pour observer son activité de pêche. Il se tient à l'affût sur un point haut, la tête et la queue agitées de mouvements nerveux. Lorsqu'un poisson est repéré, il quitte son perchoir d'un vol oblique rapide, vient percuter le surface pour se saisir du poisson et regagne son perchoir.
À ses mouvements vifs, à ses nombreux cris, on devine un oiseau plutôt agressif, prompt à défendre son territoire contre les intrus. Du caractère, il lui en faut, quand on sait que dans les meilleurs secteurs occupés, la densité peut atteindre 6 à 8 couples au km linéaire de cours d'eau. Il ne peut se permettre de laisser aller, il lui faut défendre son territoire à tout prix.
Quand on connaît un site de nidification, les observation sont assez faciles, à condition de se fondre dans l'environnement, par exemple grâce à un filet de camouflage, car l'oiseau est farouche.
Vol
Assuré par des ailes courtes et arrondies à grande fréquence de battements, le vol du Martin-pêcheur d'Europe est très rapide et direct.
Il est capable de brefs vols sur place pour repérer ses proies lorsqu'il est en pêche. En général, le site de nidification est suffisamment dégagé pour permettre un accès direct au nid. Lorsque ce n'est pas le cas, par exemple en bord de cours d'eau un peu envahis de ligneux, l'oiseau peut procéder par étapes pour gagner le nid.
Enfin, on peut noter que la morphologie de ses ailes permet également au martin-pêcheur de nager brièvement sous l'eau et de prendre appui sur l'eau pour en ressortir à l'issue du piqué.
Ce qui est étonnant avec des ailes pareilles, c'est que le martin-pêcheur puisse être migrateur.
En aucun cas, sa migration ne peut être une migration active d'altitude, elle ne peut être que rampante et procéder par étapes courtes.
Alimentationmode et régime
L'essentiel du menu du martin-pêcheur est composé de petits poissons de toutes sortes, vairons, vandoises, rotengles et gardons, truitelles, etc, dès lors que leur taille n'excède pas 125 mm.
Après digestion, le martin-pêcheur rejette par la bouche la partie indigeste de ses proies (écailles, os) sous forme de petites pelotes de régurgitation blanches ou grises.
La disponibilité en eaux libres conditionne la biologie de l'oiseau. Il sera sédentaire quand cette disponibilité est annuelle. Dans le cas contraire, il sera migrateur.
Reproduction nidification
La période de reproduction varie suivant les localités. En Europe, elle est printanière et estivale (mars à juillet) comme il se doit, alors qu'au Sri Lanka par exemple, elle a lieu de novembre à juin. L'espèce est en principe monogame mais des cas de polygamie ont été décrits. En général, le couple élève deux nichées successives, parfois plus dans des conditions optimales. Dans ces conditions, on comprend qu'une population puisse reconstituer ses effectifs assez rapidement après un accident climatique.
La nidification débute par des parades nuptiales qui comportent de bruyantes poursuites aériennes, les deux partenaires volant tantôt au ras de la surface de l'eau, tantôt au-dessus de la cime des arbres riverains, mais toujours dans des endroits dégagés par nécessité. Ils paradent depuis un perchoir, alternant accroupissements et étirements, basculements du corps de gauche à droite, le tout ponctué de cris divers sifflés et roulés. Si un intrus se présente, il est accueilli par une posture d'intimidation, tête et bec dressés et ailes tombantes.
Les préliminaires peuvent durer de longues heures, voire plusieurs jours, jusqu'au choix par la femelle du site de nidification parmi tous ceux que le mâle lui propose.
Le Martin-pêcheur d'Europe est cavernicole. Il niche dans une loge située dans la berge d'un cours d'eau. Si aucun terrier préexistant n'est disponible, le couple devra en creuser un avec le bec, les pattes servant à évacuer la terre, dans une pan de berge vertical dégagé, ce qui lui demande 1 à 2 semaines de travail. L'excavation commence par des coups de bec du couple qui pique à tour de rôle contre la paroi, bec en avant, pour amorcer le tunnel. Le plus souvent, le tunnel est creusé le plus haut possible dans la berge pour éviter les inondations et classiquement à moins de 50 cm du niveau du sol sus-jacent. Légèrement montant, il est de longueur très variable, souvent plus d'un mètre, et a une largeur de 5 à 7 cm. La chambre de nidification terminale mesure environ 10 cm de largeur et de hauteur et une 15e de cm de longueur.
La femelle y pond en moyenne six ou sept œufs. Les adultes couvent à tour de rôle le jour, la femelle seule la nuit. L'incubation dure environ 3 semaines. Elle débute à la fin de la ponte, ce qui fait que les éclosions sont quasi-simultanées, ce qui est une nécessité car les poussins, nidicoles, naissent nus et aveugles. Ils sont nourris de minuscules poissons. À 10 jours, ils peuvent avaler des poissons de plus de 3 cm. Mangeant environ leur poids de poissons chaque jour, les jeunes grandissent vite et sont aptes à quitter le nid à l'âge de 4 semaines environ. Ils restent groupés dans le voisinage du nid et effectuent leurs premiers plongeons quelques jours après leur sortie. Souvent à ce moment, la femelle est déjà investie dans une seconde reproduction et c'est le mâle qui a la charge des jeunes. Comme le premier nid est souillé par les déjections des jeunes, les pelotes et autres déchets, la nouvelle nidification a lieu dans une autre cavité.
Distribution
Le Martin-pêcheur d'Europe porte mal son nom car il est distribué non seulement en Europe, mais sur l'ensemble de l'Eurasie, de l'Atlantique au Pacifique. C'est la sous-espèce "ispida" qui occupe l'Europe. Elle est absente d'Islande, rare dans le nord des Îles britanniques, et elle n'occupe que l'extrême sud de la Fenno-Scandie. La ssp type "atthis" se trouve du sud de l'Espagne et du Maghreb à la Sibérie centrale et au nord-ouest de la Chine et de l'Inde. "Bengalensis" est répartie du centre de l'Inde au sud-est de la Sibérie, au Japon et à l'Asie du Sud-Est dont les îles sont occupées par 4 autres sous-espèces. L'Australie et la Nouvelle-Zélande sont inoccupées.
Les populations des régions continentales du nord sont entièrement migratrices. Celles de l'ouest vont hiverner autour du Bassin méditerranéen et du Golfe persique, celles de l'est rejoignent les populations sédentaires du sud du continent asiatique.
Menaces - protection
Statut de conservation IUCN
mineure
à l'état sauvage
menacé
évalué
L'espèce, largement répartie, n'est pas globalement menacée. Elle est même donnée en augmentation localement, par exemple au sud de la Baltique, peut-être sous l'effet du réchauffement du climat. On peut quand même imaginer qu'avec une empreinte humaine toujours plus grande sur la nature, un certain nombre de populations soient en déclin sur le long terme.
C'est une espèce sensible aux conditions de son environnement. La pollution croissante des rivières associée à une pluviométrie déficitaire a un impact négatif sur la ressource en poissons, sa nourriture majoritaire. Par ailleurs, tous les aménagements qui affectent la naturalité des berges des cours d'eau pessimisent la disponibilité en sites de nidification.
Les aléas climatiques sont connus pour affecter sévèrement les populations exposées. Ce fut le cas par exemple lors de l'hiver 1962-63 qui fut exceptionnellement froid en Europe. Les populations sédentaires du martin-pêcheur furent décimées. Heureusement, après un tel accident, ponctuel, elles s'en remettent grâce aux survivants et retrouvent plus ou moins rapidement leur niveau d'origine.
Références utilisées
- Les passereaux d'Europe, tome 1, P. Géroudet, M. Cuisin
- Kingfishers, Bee-eaters and Rollers: A Handbook, Fry C.H., Fry K. and Harris A.
- Birds of the World, The Cornell Lab of Ornithology
- xeno-canto, Sharing bird sounds from around the world,
- IOC World Bird List (v14.2), Gill, F and D Donsker (Eds). 2024-04-18.
Autres références utiles
- Accipitriformes
- Aegotheliformes
- Ansériformes
- Apodiformes
- Aptérygiformes
- Bucérotiformes
- Caprimulgiformes
- Cariamiformes
- Casuariiformes
- Charadriiformes
- Ciconiiformes
- Coliiformes
- Columbiformes
- Coraciiformes
- Cuculiformes
- Eurypygiformes
- Falconiformes
- Galliformes
- Gaviiformes
- Gruiformes
- Leptosomiformes
- Mesitornithiformes
- Musophagiformes
- Nyctibiiformes
- Opisthocomiformes
- Otidiformes
- Passériformes
- Pélécaniformes
- Phaethontiformes
- Phoenicoptériformes
- Piciformes
- Podargiformes
- Podicipédiformes
- Procellariiformes
- Psittaciformes
- Pterocliformes
- Rhéiformes
- Sphénisciformes
- Steatornithiformes
- Strigiformes
- Struthioniformes
- Suliformes
- Tinamiformes
- Trogoniformes