Cigogne blanche
Ciconia ciconia - White Stork
Systématique
-
Ordre:
Ciconiiformes
-
Famille:
Ciconiidés
-
Genre:
Ciconia
-
Espèce:
ciconia
Descripteur
Biométrie
- Taille: 102 cm
- Envergure: 155 à 165 cm.
- Poids: 3000 à 3500 g
Longévité
26 ans
Distribution
Description de la famille
Les Ciconiidés sont de grands oiseaux à long cou, long bec fort à très fort et longues pattes, que l'on peut qualifier d'échassiers. Ils volent cou tendu. Le taxon compte 6 genres et 20 espèces.
On les trouve sur tous les continents excepté l'Antarctique, dans les biomes continentaux chauds.... lire la suite
Identification
La Cigogne blanche est un grand échassier au plumage blanc et noir, sans dimorphisme sexuel. C'est un oiseau bien connu et qui ne passe pas inaperçu dans son environnement.
Le plumage de contour et la queue sont blancs tandis que les ailes sont bicolores. Les rémiges, l'alule, les grandes couvertures et les couvertures primaires supérieures sont noires, le reste blanc. En vue supérieure d'une cigogne en vol, on voit que le noir de l'aile n'est pas homogène, mais que les rémiges primaires internes et les secondaires montrent un net éclaircissement le long du rachis, d'où un aspect strié typique de l'arrière de l'aile. En période nuptiale, des plumes blanches allongées apparaissent à la base du cou.
Le bec, fort et en poignard, est rouge sang, de même que les longues pattes. À la base inférieure du bec, la zone gulaire dénudée est rouge et noire. L'œil sombre est inclus dans une zone de peau nue noire et oblongue qui donne à l'oiseau un aspect sévère.
Il est très fréquent d'observer un salissement du plumage blanc de l'adulte qui devient grisâtre ou roussâtre sous l'action de facteurs naturels (incubation dans un nid humide par exemple) ou artificiels (fréquentation de décharges publiques ou de stations de lagunage).
Le juvénile a un plumage identique à celui de l'adulte, mais le noir est plus terne, plus brun. Le bec, d'abord noir, se teinte ensuite d'orange terne à la base. Les pattes sont rosâtres.
Indications subspécifiques 2 sous-espèces
- Ciconia ciconia ciconia (Europe and w Asia, Middle East and n Africa, s Africa)
- Ciconia ciconia asiatica (c Asia)
Noms étrangers
- White Stork,
- Cigüeña blanca,
- cegonha-branca,
- Weißstorch,
- fehér gólya,
- Ooievaar,
- Cicogna bianca,
- vit stork,
- Stork,
- bocian biely,
- čáp bílý,
- Hvid Stork,
- kattohaikara,
- Witooievaar,
- cigonya blanca,
- Hvítstorkur,
- bocian biały,
- baltais stārķis,
- bela štorklja,
- Белый аист,
- シュバシコウ,
- 白鹳,
- นกกระสาขาว,
- 白鸛,
Voix chant et cris
La Cigogne blanche est un oiseau presque mutique. Simplement peut-on noter au nid quelques sifflements de la part des deux partenaires en présence. En revanche, les salutations au nid entre adultes se traduisent par des claquements de bec prolongés et très sonores, tête renversée en arrière et touchant le dos.
Habitat
La Cigogne blanche est une espèce des milieux ouverts couverts de végétation herbacée, surtout sur substrat humide, mais aussi en contexte sec.
Elle est absente des milieux forestiers contrairement à sa cousine la Cigogne noire qui elle est typiquement forestière en période de reproduction.
La cigogne recherche sa nourriture au sol. La végétation herbacée ne doit donc pas être trop dense ni trop haute.
Pour la reproduction, la cigogne a besoin à proximité de ses aires de gagnage soit de grands arbres pouvant supporter le nid - sa nidification est en effet arboricole à l'origine - soit d'édifices ou de constructions humaines (clocher, cheminée, pylône, etc.). Aujourd'hui, elle adopte volontiers les aires artificielles construites à son intention dans et autour des agglomérations.
Comportement traits de caractère
La Cigogne blanche est un oiseau bien connu du grand public (n'est-ce pas elle en effet qui apporte les bébés ?). C'est un oiseau qui ne passe pas inaperçu, est facile à reconnaître, n'est pas très craintif et fait partie de l'histoire humaine en bien des régions, par exemple en Alsace où les claquements de bec des cigognes font partie du paysage sonore de bien des villages. En effet, les adultes au nid ont l'habitude de se saluer mutuellement en claquant bruyamment du bec.
De plus, la cigogne peut maintenant s'observer toute l'année alors qu'auparavant elle était strictement migratrice, donc absente chez nous en hiver. On verra pourquoi plus loin.
Les Cigognes blanches sont des oiseaux grégaires. Cela s'observe dans toutes les phases de leur vie. Elles se nourrissent fréquemment en groupes, particulièrement dans les haltes migratoires et sur les lieux d'hivernage, moins sur les territoires de nidification. La reproduction est volontiers coloniale au cœur de l'aire, moins sur les marges où la densité de population est plus faible. Les déplacements migratoires se font en troupes, souvent de plusieurs centaines d'individus, et revêtent alors un caractère spectaculaire, un peu comme pour d'autres grands voiliers comme les pélicans ou les grues aux points de passage obligés.
La Cigogne blanche est un oiseau naturellement peu farouche. Elle ne craint pas l'Homme mais sait garder ses distances. Elle niche souvent en milieu urbain, construisant alors son nid sur un édifice ou une structure faite de main d'homme. De nos jours, la cigogne a gagné une plus grande proximité avec l'homme. Les raisons en sont expliquées au paragraphe "Menaces et protection".
On peut s'en réjouir, mais il faut se dire que l'évolution positive des populations qui s'observe actuellement peut, à terme, poser un problème dans les écosystèmes naturels, la cigogne étant un prédateur de la petite faune invertébrée et vertébrée. La pression de prédation des cigognes pourrait à son tour mettre en danger les populations de certaines de ses proies plus fragiles, surtout parmi les amphibiens et reptiles. Encore une fois, tout est dans la bonne mesure. Ne favorisons peut-être pas à tout crin l'installation de la Cigogne blanche là où elle n'est pas, au risque de déséquilibrer à terme les écosystèmes, et ce d'autant plus que les cigognes sédentarisées n'ont pratiquement pas de prédateurs naturels.
Partout et de tous temps, la cigogne a su s'adapter à l'Homme et à ses activités. C'est ainsi par exemple qu'elle sait très bien suivre la charrue qui retourne un champ afin de capturer sans effort les proies délogées du sol par le soc ou alors suivre la faucheuse qui lui rend accessibles des proies jusqu'alors cachées par l'herbe..
Un côté peu ragoûtant de la cigogne est son penchant pour les rebuts et déchets alimentaires de l'Homme, et cela depuis l'Antiquité probablement, qui l'amène à "faire les poubelles", les dépotoirs et, de nos jours, les centres d'enfouissement techniques où se pratique la méthanisation des matières fermentescibles. En période hivernale, elle peut très bien ne se nourrir que dans ces sites. Mais ce n'est pas sans danger pour elle. En effet, on a trouvé dans des estomacs de cigognes mortes des restes indigestes comme des caoutchoucs de bocaux rouges qu'elles avaient pris pour des vers et consommés, entraînant la mort par occlusion.
Vol
Le vol de la Cigogne blanche est un vol battu énergique, sans souplesse mais efficace, qui lui permet d'acquérir une vitesse de croisière importante.
Chaque fois qu'elle le peut, la cigogne utilise aussi le vol plané pour ses déplacements locaux.
Alimentationmode et régime
L'alimentation de la Cigogne blanche est entièrement animale. C'est un prédateur strict dont le régime alimentaire est très diversifié et varie suivant les saisons et les régions.
Elle peut occasionnellement être nécrophage. C'est ce penchant qu'elle met à profit systématiquement de nos jours quand elle se nourrit de déchets alimentaires d'origine humaine dans les centres d'enfouissement d'ordures biodégradables. Elle peut même en nourrir ses jeunes au nid.
En captivité, c'est un oiseau facile à élever car peu difficile sur son alimentation. On peut ainsi nourrir des cigognes captives uniquement de poissons de pisciculture ou encore de poussins d'élevage d'un jour récupérés après sélection.
Reproduction nidification
La nidification de la Cigogne blanche est arboricole à l'origine. Elle niche non pas au cœur de la forêt mais le cas échéant en lisière, dans les bosquets, les rangées d'arbres ou même sur des arbres isolés. Le nid est placé de telle sorte qu'elle puisse accéder au nid au vol sans être gênée par une ramure dense du fait de sa grande envergure.
Mais de longue date, la cigogne s'est adaptée à l'Homme et à ses constructions, ce qui fait qu'actuellement la majorité des nids se trouvent soit sur un édifice (toit, cheminée, clocher, ruine, etc.
Le nid est un nid pérenne, réoccupé et rechargé tous les ans par le couple, de telle sorte qu'il peut atteindre des dimensions et un poids très importants. C'est un facteur à prendre en compte pour éviter les accidents.
La Cigogne blanche est une espèce longévive. La maturité sexuelle est atteinte à 4 ans mais une cigogne peut encore se reproduire avec succès à l'âge de 30 ans, voire plus. La Cigogne blanche est monogame et n'élève qu'une nichée par an. La nidification est soit solitaire, soit coloniale, mais alors le caractère colonial est moins affirmé que chez d'autres ciconiidés
En conditions naturelles, la reproduction commence dès le retour des partenaires de migration, à partir de mars. Ils se retrouvent au nid qui est leur point de ralliement. Ils manifestent leur attachement par des salutations ponctuées de claquements de bec et une gestuelle particulière qui ont pour but de renforcer les liens du couple. Puis très vite les accouplements suivront.
La femelle pond en moyenne 4 œufs blancs et brillants à raison d'un tous les deux jours. L'incubation commence dès le premier œuf pondu, au plus tard le lendemain, et est partagée, la femelle couvant la nuit et le couple en alternance pendant la journée. Elle dure 32 à 34 jours. Les jeunes naissent couverts d'un duvet blanc. Les parents les nourrissent par régurgitation des proies dans le nid. Lorsque les poussins ont acquis une certaine autonomie, à quelques jours de vie, ils se servent eux-mêmes. Ils sont nourris toutes les deux heures environ.
Ils sont à même de quitter le nid à l'âge de 2 mois. Leur départ en migration débute dès le mois de juillet et les adultes migrateurs les suivront en août et septembre.
Distribution
L'aire de reproduction de la Cigogne blanche couvre toute l'Europe tempérée à l'ouest de l'Oural et déborde au sud sur les 3 pays du Maghreb et à l'est sur le Proche et Moyen-Orient (Turquie, Israël, Iran). Un petit noyau de population (sous-espèce asiatica) se trouve au sud de l'Asie centrale dans l'ancien Turkestan.
La population est entièrement migratrice, les oiseaux européens allant passer l'hiver en Afrique sub-saharienne et les oiseaux asiatiques en Inde. La cigogne répugnant à migrer au-dessus de la mer par manque d'ascendances thermiques, les voies de migrations sont terrestres, les deux points de passage principaux d'un continent à l'autre étant le détroit de Gibraltar à l'ouest et le Bosphore à l'est.
Depuis le dernier quart du 20e siècle, une fraction importante de la population européenne a été sédentarisée par maintien en captivité et suppression de l'instinct migratoire. C'est la raison pour laquelle on peut voir des Cigognes blanches en hiver en Europe. Cette sédentarité a été favorisée par un réchauffement global du climat donnant des hivers plus doux et par l'existence de centres d'enfouissement techniques où les oiseaux trouvent une nourriture artificielle qui leur convient tant bien que mal mais leur permet de survivre.
Menaces - protection
Statut de conservation IUCN
mineure
à l'état sauvage
menacé
évalué
La Cigogne blanche est l'une des espèces européennes qui ont subi un déclin important et rapide dans la seconde moitié du 20ème siècle. Les causes sont plurielles. On peut incriminer les changements importants subis par les milieux naturels et les espaces agricoles (remembrements, drainage des marais, artificialisation des prairies, usage intensif de pesticides, etc.), mais aussi les aléas climatiques en migration et sur les lieux d'hivernage, ou encore la prédation par l'Homme en Afrique, en manque chronique de protéines animales. Un facteur s'est avéré particulièrement déterminant, l'utilisation massive de pesticides organochlorés qui a eu un effet immédiat sur certaines populations d'oiseaux comme les rapaces, les cigognes justement et d'autres prédateurs. Certaines espèces comme le Faucon pèlerin ont frôlé l'extinction locale. Pour éviter la disparition pure et simple de la cigogne qui prenait le même chemin, des centres de réintroduction protégés ont été créés. Les jeunes cigognes nées dans ces centres ont été gardées captives, et donc empêchées de partir en migration comme leur dictaient leurs gènes. Ces cigognes sédentarisées de force et évitant donc les facteurs de mortalité liés à la migration et aux conditions d'hivernage en Afrique, sont à l'origine d'une population captive sédentaire produisant des jeunes destinés à repeupler les aires désertées. On misait sur le retour de ces jeunes après leur hivernage en Afrique et leur installation comme nicheurs à leur maturité dans les zones dépeuplées. Par chance, les pesticides incriminés dans le déclin ont été interdits du fait de leurs effets désastreux. Depuis lors, la population de Cigogne blanche ne cesse de croître. Non seulement, elle a réoccupé ses anciens secteurs de nidification désertés, mais elle étend son aire géographiquement tandis que ses effectifs croissent partout. D'autant plus que l'Homme lui donne souvent un coup de pouce en lui offrant des aires de reproduction artificielles qu'elle occupe sans prévention et des décharges où elle peut s'alimenter à bas prix sans répugnance.
Néanmoins des menaces persistent qui agissent sur la mortalité et donc limitent la progression démographique. On peut citer en vrac les électrocutions et les percussions avec le réseau de transport d'électricité, les éoliennes, l'ingestion de produits indigestes ou toxiques sur les décharges, le braconnage, en Afrique surtout, toujours en Afrique les épandages chimiques de la lutte anti-acridienne, l'utilisation de la bromadiolone dans la lutte contre les rongeurs en Europe, etc.
Références utilisées
- Storks; ibises and spoonbills, James Hancock, James Kushlan et Philip Kahl
- Grands échassiers, gallinacés, râles d'Europe, P. Géroudet
- HBW Alive,
- IOC World Bird List (v14.1), Gill, F and D Donsker (Eds). 2024-04-18.
Autres références utiles
- Birdlife
- Avibase
- IUCN Red List Cigogne blanche du site Pouyo et les oiseaux
- Accipitriformes
- Aegotheliformes
- Ansériformes
- Apodiformes
- Aptérygiformes
- Bucérotiformes
- Caprimulgiformes
- Cariamiformes
- Casuariiformes
- Charadriiformes
- Ciconiiformes
- Coliiformes
- Columbiformes
- Coraciiformes
- Cuculiformes
- Eurypygiformes
- Falconiformes
- Galliformes
- Gaviiformes
- Gruiformes
- Leptosomiformes
- Mesitornithiformes
- Musophagiformes
- Nyctibiiformes
- Opisthocomiformes
- Otidiformes
- Passériformes
- Pélécaniformes
- Phaethontiformes
- Phoenicoptériformes
- Piciformes
- Podargiformes
- Podicipédiformes
- Procellariiformes
- Psittaciformes
- Pterocliformes
- Rhéiformes
- Sphénisciformes
- Steatornithiformes
- Strigiformes
- Struthioniformes
- Suliformes
- Tinamiformes
- Trogoniformes