Moucherolle à queue large
Alectrurus risora - Strange-tailed Tyrant
Description de la famille
La famille des Tyrannidés est une famille exclusivement américaine, la plus vaste et riche en espèces du continent.
Elle groupe des espèces de taille très petite (le plus petit passereau est un Tyrannidé) à moyenne. Ecologiquement, les Tyrannidés sont très divers et occupent des places ten... lire la suite
Identification
Le Moucherolle à queue large est un tyrannidé de taille moyenne, à la queue spectaculaire, du moins chez le mâle. C'est l'oiseau emblématique de la pampa du nord de l'Argentine et du Paraguay. Le dimorphisme sexuel est frappant. La queue du mâle comporte deux rectrices de taille surdimensionnée, mesurant presque deux fois la taille de l'oiseau sans la queue. Ces deux plumes sont de couleur noire, très large, formant comme un étendard ou une banderole à l'arrière de l'oiseau. Chez le mâle en plumage nuptial, le plumage bicolore noir et blanc est réhaussé par une touche de couleur vive au niveau de la gorge. La tête et le dessus sont noir (en plumage frais, les plumes sont bordées d'un liséré brun) ; la gorge est dépourvue de plume, faisant apparaître une zone de peau nue, rouge écarlate ou orange-rosé ; au-dessous, une large bande pectorale noire forme une bavette ; le dessous est blanc, ainsi que les scapulaires ; les couvertures alaires sont noires avec l'extrémité blanche, les rémiges sont noirs avec un liseré blanc et le croupion est gris clair. Chez le mâle en plumage inter-nuptial, la gorge est emplumée et blanche et les zones noires peuvent être mouchetées de brun ; la queue est usée mais reste spectaculaire. La femelle a un plumage moins voyant, dans les tons brun clair : le dessus est brun moucheté, la gorge est blanche, la bande pectorale est chamois clair et le dessous blanc est lavé de chamois sur les flancs. La queue est plus sobre ; les rectrices externes sont cependant assez longues, très fines et terminées par une petite raquette brune. Le bec est orange-rosé, plus vif chez le mâle (même couleur que la gorge dénudée en plumage nuptial). L'iris est brun. Les pattes sont gris foncé, avec des griffes très longues.
Indications subspécifiques espèce monotypique
Noms étrangers
- Strange-tailed Tyrant,
- Yetapá acollarado,
- tesoura-do-campo,
- Rotkehl-Schleppentyrann,
- zászlósfarkú tirannusz,
- Wimpelstaarttiran,
- Tiranno codastrana,
- vimpeltyrann,
- Vimpeltyrann,
- pamuchár vlajkochvostý,
- tyranovec vlajkoocasý,
- Fanehaletyran,
- viiripyrstötyranni,
- tirà d'estendards,
- figlarz flagosterny,
- Вымпелохвостый тиранн,
- オナガオンドリタイランチョウ,
- 异尾霸鹟,
- vimpeltyrann,
- 異尾霸鶲,
Voix chant et cris
Le Moucherolle à queue large est un oiseau peu bavard, souvent silencieux. Pendant le vol nuptial, il émet parfois un léger sifflement aigu, auquel s'ajoute un bruit produit par les ailes. Le cri de contact est un "pwit" liquide. Lorsque la femelle élève les jeunes, elle émet un sifflement répétitif, doux et faible, ressemblant à un "thee-uu, schee-uu", avec une note finale descendante.
Habitat
Le Moucherolle à queue large est très exigeant en termes d'habitat. Il vit dans les prairies naturelles humides, les marécages, les savanes et les maquis.
Comportement traits de caractère
Le mâle du Moucherolle à queue large est facile à repérer, perché sur les hautes herbes, son étendard flottant au vent.
Pendant la nidification, le mâle occupe un territoire qu'il partage avec une à quatre femelles. En dehors de la période de reproduction, ces oiseaux forment de petits groupes lâches pouvant compter jusqu'à 30 femelles. Autrefois, l'espèce était partiellement migratrice : les individus qui nichaient le plus au sud, dans la province de Buenos Aires, hivernaient au Brésil. Les populations actuelles, dont la distribution géographique se limite au cœur de l'ancienne aire de répartition, sont sédentaires.Vol
Alimentationmode et régime
Le Moucherolle à queue large se nourrit d'insectes, qu'il chasse à la manière de nos gobemouches. Il se perche au sommet des hautes herbes, sur un piquet de clôture ou sur un buisson, pour guetter les insectes, qu'il saisit au vol ou dans la végétation, en fondant sur eux.
Reproduction nidification
Fin juillet, les mâles s'installent sur leur territoire et commencent à parader en faisant des démonstrations aériennes.
La queue du mâle sert d'étendard pour se faire remarquer des femelles. Le mâle est polygame (ce qui est exceptionnel chez les tyrannidés, où la monogamie est la norme). Un mâle héberge jusqu'à 4 femelles nicheuses sur son territoire (qui s'étend sur environ 2 hectares). Seule la femelle construit le nid, couve et s'occupe des jeunes. Le mâle ne participe pas du tout. Le nid est une coupe ouverte faite d'herbe et garnie de plumes, cachée dans les hautes touffes de graminées, au sol ou jusqu'à 30 cm au-dessus du sol. La ponte a lieu entre septembre et janvier. Les couvées comportent le plus souvent 3 œufs, qui sont blancs et mesurent 21,8 x 16,8 mm. L'incubation dure de 16 à 18 jours. Les jeunes quittent le nid à l'âge d'environ 13 jours. Une femelle peut mener plusieurs couvées par an (2 ou 3), en particulier si la première est victime de prédation ou détruite par une inondation. Les 2ème et 3ème couvées sont la plupart du temps des pontes de remplacement, même si certaines femelles arrivent à en mener deux jusqu'à l'envol. Les femelles nichent souvent sur un même territoire pendant 2 à 3 ans alors que les mâles sont rarement revus d'un an sur l'autre. Ceci suggère une plus grande mortalité des mâles, plus visible que les femelles et moins agiles qu'elles, à cause de leur queue très encombrante.Distribution
L'aire de distribution de l'espèce se limite actuellement à une zone à cheval sur l'Argentine et le Paraguay. En Argentine, on trouve le Moucherolle à queue large au nord-est du pays, en particulier dans la province de Corrientes (parcs et réserves naturelles d'Iberá) et dans l'est de la province de Formosa. Au Paraguay, on le rencontre dans le sud, et possiblement plus au nord jusqu'au centre du pays. L'espèce était autrefois présente dans une aire bien plus vaste, en particulier en Argentine, où on l'observait jusqu'au sud de Buenos Aires en été, ainsi qu'au sud du Brésil et en Uruguay. De nos jours (début XXIe siècle), elle est très rarement vue au sud du Brésil et possiblement éteinte en Uruguay.
Menaces - protection
Statut de conservation IUCN
mineure
à l'état sauvage
menacé
évalué
Le Moucherolle à queue large est classé vulnérable et l'espèce est en déclin. Elle est très sensible à la dégradation du milieu par le surpâturage et la mise en culture des prairies naturelles, car les hautes herbes sont nécessaires à sa reproduction. On a assisté XXe siècle à une contraction importante de l'aire de distribution de l'espèce, suite à l'intensification de l'agriculture en Argentine : mise en place des grandes cultures (maïs, soja, blé, et plus récemment coton), plantation d'arbres (eucalyptus et pins) et surpâturage par les bovins. La taille de l'aire de répartition a baissé de 90% entre 1840 et 1991. Malheureusement, cette baisse continue dans le nord-est de l'Argentine : on note une diminution de 30% des prairies naturelles entre 2002 et 2019. La population la plus importante se trouve dans le Parc National d'Iberá et les réserves adjacentes en Argentine, mais seulement 10% des aires protégées possèdent des habitats convenant à l'espèce. La préservation de zones de prairies non accessibles aux troupeaux de bovins est impérative pour sa conservation. Les incendies de végétation (accidentel ou déclenché volontairement pour gérer les prairies) représentent un risque supplémentaire pour l'espèce : les femelles mettent plusieurs années pour revenir nicher dans une zone incendiée. La disparition des super-prédateurs comme le jaguar et le puma ont augmenté la densité des petits prédateurs pilleurs de nid (renard, petits félins). La réintroduction du jaguar dans le parc national d'Iberá est donc une bonne nouvelle pour l'espèce et pour l'équilibre des écosystèmes. Pour aider à la conservation de l'espèce, les éleveurs sont encouragés à garder des zones naturelles dans leur propriété. D'autres actions sont envisagées : recensement quantitatif de l'espèce sur toute l'aire de distribution, création d'une réserve de biosphère dans les prairies du sud du Paraguay, arrêt des subventions pour la transformation de prairies naturelles en plantations d'eucalyptus dans le nord-est de l'Argentine...
Références utilisées
- Birds of Argentina and the South-west Atlantic, Mark Pearman and Juan I. Areta
- A Field Guide to the Birds of Brazil, Ber Van Perlo
- BirdLife International, BirdLife International
- Birds of the World, The Cornell Lab of Ornithology
- MALE AND FEMALE REPRODUCTIVE SUCCESS IN A THREATENED POLYGYNOUS SPECIES: THE STRANGE-TAILED TYRANT, ADRIAN S. DI GIACOMO ET AL.
- IOC World Bird List (v14.2), Gill, F and D Donsker (Eds). 2024-04-18.
Autres références utiles
- Accipitriformes
- Aegotheliformes
- Ansériformes
- Apodiformes
- Aptérygiformes
- Bucérotiformes
- Caprimulgiformes
- Cariamiformes
- Casuariiformes
- Charadriiformes
- Ciconiiformes
- Coliiformes
- Columbiformes
- Coraciiformes
- Cuculiformes
- Eurypygiformes
- Falconiformes
- Galliformes
- Gaviiformes
- Gruiformes
- Leptosomiformes
- Mesitornithiformes
- Musophagiformes
- Nyctibiiformes
- Opisthocomiformes
- Otidiformes
- Passériformes
- Pélécaniformes
- Phaethontiformes
- Phoenicoptériformes
- Piciformes
- Podargiformes
- Podicipédiformes
- Procellariiformes
- Psittaciformes
- Pterocliformes
- Rhéiformes
- Sphénisciformes
- Steatornithiformes
- Strigiformes
- Struthioniformes
- Suliformes
- Tinamiformes
- Trogoniformes

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