Milan royal
Milvus milvus - Red Kite
Systématique
-
Ordre:
Accipitriformes
-
Famille:
Accipitridés
-
Genre:
Milvus
-
Espèce:
milvus
Descripteur
Biométrie
- Taille: 66 cm
- Envergure: 145 à 170 cm.
- Poids: 800 à 1600 g
Longévité
26 ans
Distribution
Description de la famille
Les Accipitridés sont une famille de rapaces diurnes présente sur tous les continents, excepté l'Antarctique. Leur taille va de petite à grande.
Ils ont en commun :
- un dimorphisme sexuel, le mâle étant plus petit que la femelle,
- une vision binoculaire importante, permettant un repérag... lire la suite
Identification
Le continent eurasiatique héberge deux espèces de milans, le Milan royal et le M. noir, suffisamment proches pour que leur description s'appuie sur une comparaison des deux espèces. Le Milan royal est le plus grand, le plus long et le plus clair de plumage. C'est au posé que la distinction spécifique peut ne pas être évidente alors qu'en vol, les différences se voient mieux.
Le Milan royal est un rapace assez grand, plus grand que la Buse variable par exemple. Sa longueur se situe entre 60 et 70 cm, son envergure de 145 à 170 cm et son poids de 800 à 1 600 g. Ces chiffres suggèrent une différence entre mâle et femelle, bien réelle, mais aussi des différences individuelles suivant l'état physiologique.
La silhouette du Milan royal est plus fine, plus allongée, du fait d'une queue plus longue dépassant nettement la pointe des ailes alors que chez le noir, les rectrices ne dépassent pas. Le royal adulte a la tête d'un gris-cendre très clair et finement striée de sombre, mais attention, en plein soleil, la tête grise du noir peut paraître assez claire. L'iris est d'un jaune très pâle, parfois presque blanc. Les parties supérieures apparaissent brunes, avec le manteau d'un brun moyen et les couvertures plus claires. Ces dernières sont brunes mais largement bordées de chamois-roux, formant une zone pâle allongée sur l'aile, plus marquée que chez le noir. La pointe de l'aile est brun-noir. La queue est nettement rousse dessus, légèrement plus sombre sur les bords, alors qu'elle n'est jamais rousse chez le noir. Les parties inférieures sont d'un roux-cannelle assez clair et nettement striées de brun. Mais attention, le Milan noir adulte en pleine lumière peut paraître nettement roux, mais d'un roux plus sombre. La queue est blanchâtre dessous, les rectrices externes assombries et parfois légèrement barrées.
Le juvénile est beaucoup moins roux dessus comme dessous. Les couvertures alaires sont plus pâles, blanchâtres. La tête est moins grise, plus sombre dessus et le dessus de la queue roussâtre marquée de sombre. Le dessous du corps est crème roussâtre, fortement strié de brun et le dessous de la queue est blanchâtre et nettement barré de brun. Les plumages immatures sont intermédiaires.
L'identification en vol est beaucoup plus facile. La queue rousse à elle seule est déterminante. La différence de longueur des rectrices est évidente, donnant une queue fourchue au repos, légèrement concave quand étalée. Chez le noir, la queue brune est plus courte, triangulaire quand étalée. Les ailes du royal, plus longues, sont aussi nettement plus contrastées que celles du noir, dessus comme dessous. Les plages blanches de la main sont très nettes. Elles sont tombantes aux extrémités, ce qui, associé à la longue queue et au vol lent, en fait un oiseau à la silhouette caractéristique.
Indications subspécifiques 2 sous-espèces
- Milvus milvus milvus (Europe and nw Africa to the Middle East)
- Milvus milvus fasciicauda (Cape Verde Is.)
Noms étrangers
- Red Kite,
- Milano real,
- milhafre-real,
- Rotmilan,
- vörös kánya,
- Rode Wouw,
- Nibbio reale,
- röd glada,
- Glente,
- haja červená,
- luňák červený,
- Rød Glente,
- isohaarahaukka,
- milà reial,
- Svölugleða,
- kania ruda,
- sarkanā klīja,
- rjavi škarnik,
- Красный коршун,
- アカトビ,
- 赤鸢,
- 紅鳶,
Voix chant et cris
Le cri le plus fréquent du Milan royal est un sifflement long et modulé à la fin "piuuuuuuuuuuuuu ui ui ui ui". Le cri du Milan noir est un simple "piuuuuuuuu" tremblé, bien différent.
Le royal est surtout vocal près du nid, beaucoup moins ou pas du tout ailleurs ou en dehors de la période de reproduction.
Habitat
Le Milan royal a deux exigences pour être présent en tant que nicheur.
Il a tout d'abord besoin d'espaces très ouverts pour la chasse à vue avec capture au sol.
Pour la nidification, il lui faut un habitat forestier. Un bosquet avec de vieux arbres peut lui convenir, mais il préfère nicher en forêt, non loin d'une lisière, dans une parcelle assez claire avec de vieux arbres élevés, feuillus ou conifères suivant l'altitude. En plaine, il choisira le plus souvent un vieux chêne et au-dessus de 800 m, plutôt un sapin ou un hêtre.
En hivernage, ce sont surtout les ressources alimentaires qui déterminent l'habitat. Les décharges jouent un rôle certain.
Comportement traits de caractère
Les milans se comportent en vol un peu comme les vautours. Comme eux, ils cerclent longuement au-dessus de leur domaine en utilisant de la même façon les courants ascendants. Ils planent aisément en recourant rarement au vol battu quand le temps s'y prête. Ils utilisent leur queue étalée, très mobile, de façon unique dans le monde des rapaces. Ils la basculent d'un côté à l'autre suivant les mouvements de l'air pour garder l'équilibre du vol. C'est particulièrement spectaculaire chez le Milan royal. Le plan de la queue peut alors faire un angle de 45° ou plus avec le plan des ailes.
Le Milan royal est un opportuniste pour la recherche de nourriture et il est un moment où on voit les milans, aussi bien royaux que noirs, se rassembler pour profiter ensemble de la provende, c'est le temps de la fenaison. La coupe rapide de l'herbe par les faucheuses modernes dégage brutalement le sol des prairies rendant accessibles aux prédateurs un grand nombre de proies vertébrées comme invertébrées, certaines blessées ou tuées par la lame. Cela peut concerner des lièvres, de jeunes chevreuils, des oiseaux... Le ballet des milans et autres nécrophages attire forcément l'attention.
Le Milan royal, monogame, vit en couple solitaire à la belle saison. Mais en dehors de la période de reproduction, ils fréquentent leurs congénères et se regroupent volontiers, le territoire ne les tenant plus. Les Milans royaux migrateurs se rassemblent pour la nuit en dortoirs dans de grands arbres où des oiseaux locaux peuvent les rejoindre. Il en est de même pour les hivernants dans les zones d'hivernage du sud-ouest. Avec le réchauffement climatique, de plus en plus de Milans royaux se sédentarisent, y compris dans des contrées nordiques telles que le sud de la Suède. La présence de centres d'enfouissement techniques ne doit pas être étrangère non plus à cette sédentarisation.
Vol
Le vol du Milan royal est un vol aux battements souples et lents. On a l'impression qu'il vole sans effort.
Lorsqu'il chasse, il survole le terrain à une hauteur de 10 à 30 mètres, la tête tournée vers le sol que scrutent les yeux très performants. Il explore le terrain, un peu comme font les busards mais de plus haut. Il couvre beaucoup plus de terrain qu'eux et semble infatigable dans sa quête.
Au moment de l'installation, le couple cercle longuement au-dessus du territoire. La parade aérienne peut être assez acrobatique, révélant les capacités de vol de l'espèce. Elle inclut piqués et ressources, poursuites, accrochage par les serres, le tout ponctué de cris.
Le vol migratoire est typique. Le Milan royal migre en petits groupes cohérents. Les oiseaux recherchent systématiquement les ascendances thermiques dans lesquelles ils cerclent pour prendre le plus d'altitude possible. Puis ils se laissent glisser en vol plané dans l'axe migratoire, les uns derrière les autres, jusqu'à la prochaine pompe.
Alimentationmode et régime
Les milans sont avant tout des nécrophages. Le royal n'échappe pas à la règle. Les cadavres de vertébrés, particulièrement ceux écrasés sur les routes ou ceux tués par la faucheuse à la fenaison, l'attirent irrésistiblement.
Mais c'est aussi un chasseur qui capture des proies vivantes, invertébrées comme vertébrées, détectées en vol et sur lesquelles il fond. Le spectre en est très large, allant des vers de terre aux petits mammifères en passant par les amphibiens-reptiles, les oiseaux et divers insectes. Il est moins porté sur la capture d'insectes volants que son congénère.
Le régime reflète bien la diversité des ressources locales. Des suivis par GPS ont montré que la taille des territoires de chasse de mâles nicheurs allait de 5 à 500 km² suivant l'abondance de la ressource. La fourchette est énorme et on imagine bien que la richesse d'un territoire puisse avoir un impact direct sur le succès reproducteur. Il peut y avoir aussi de grandes différences inter-annuelles sur un même territoire.
Reproduction nidification
Le couple réinvestit le territoire à la fin mars ou au début d'avril. Mâle et femelle paradent en volant de concert au dessus du site de nidification, le plus souvent une forêt claire bordée de pâtures. Les partenaires s'accrochent par les serres et tombent en vrille, ailes ouvertes jusqu'à la cime des arbres. Ils cerclent aussi longuement au-dessus du site en poussant leur cri, esquissent quelques poursuites en piqué.
Rapidement ils s'affairent à la construction de l'aire ou plus fréquemment à la réhabilitation d'une ancienne. Ils peuvent en posséder plusieurs qu'ils occupent en alternance.
Le nid est assez volumineux. C'est une plate-forme faite de branches sèches, plus grosses en moyenne que celles des nids de buse ou de Milan noir. Les oiseaux y incluent du papier ou du plastique, mais moins systématiquement que leur congénère. L'intérieur est garni d'herbe sèche ou de laine de mouton.
La femelle y dépose 2 ou 3 œufs (1 à 4) tous les trois jours. Les œufs sont blanc brillant, tachetés de points roux ou violacés. L'incubation commence dès la ponte du premier œuf, assurée par la femelle. Le mâle peut occasionnellement la remplacer pendant un court moment. L'incubation dure 31 à 32 jours pour chaque œuf, ce qui donne environ 38 jours au total pour une ponte de 3 œufs.
Les poussins conservent leur duvet de naissance chamois pendant 14 jours. Le second duvet est rougeâtre. Le mâle ravitaille la famille au début mais gardera un rôle nourricier majeur jusqu'au bout. Les jeunes seront prêts à l'envol à l'âge d'environ 2 mois. En fin de séjour au nid, les jeunes mangent seuls les proies apportées par les adultes. Les adultes peuvent aller chasser à plusieurs km de l'aire.
Distribution
La distribution du Milan royal est essentiellement européenne. L'aire est continue de l'Espagne à la Biélorussie en passant par la France, l'Allemagne, la Lituanie et la Pologne. Mais le barycentre de l'aire est nettement occidental, l'Espagne, la France et l'Allemagne hébergeant la majorité de la population. Mais la situation est en train de changer. Après un net déclin au 20e siècle, l'espèce est en mauvaise posture au sud de l'aire, par exemple en Espagne, alors qu'elle est en pleine expansion au nord où elle est mieux protégée. En Scandinavie, l'oiseau est en forte augmentation dans le sud de la Suède et s'est sédentarisé. Les Îles britanniques sont devenues récemment un bastion de l'espèce à la suite d'un programme de conservation bien conduit.
À l'est de cette aire, on trouve des noyaux de peuplement plus ou moins isolés dans la majorité des pays européens et jusque dans l'ouest de Russie. Les Îles de la Méditerranée occidentale sont habitées. L'aire déborde légèrement sur le nord du Maroc.
La sous-espèce "fasciicauda" de l'Archipel du Cap Vert est considérée éteinte.
Le Milan royal est migrateur partiel. Les oiseaux du nord-est de l'aire à partir du nord-est de la France sont migrateurs et se dirigent essentiellement à l'automne vers l'Espagne et le sud de la France. Quelques-uns passent le détroit de Gibraltar. Les hivernants mêlent aux oiseaux locaux et se répartissent en fonction des ressources.
Menaces - protection
Statut de conservation IUCN
mineure
à l'état sauvage
menacé
évalué
Le déclin observé au 20e siècle à des degrés divers suivant les régions s'explique assez facilement. La cause principale tient dans les empoisonnements indirects dont il est victime. Un exemple bien connu : à la fin du siècle dernier en France, dans les zones herbagères du centre et du nord-est, on a lutté contre un ravageur, le Campagnol terrestre, avec une substance très toxique, la Bromadiolone. Les milans s'empoisonnaient en consommant les rongeurs morts. De façon générale, l'utilisation illégale de poisons contre différentes cibles animales, assez répandue un peu partout, est une cause majeure de mortalité du Milan royal.
Localement, il a pu et peut encore faire l'objet de destructions directes. La modification des paysages agricoles et de leur assolement ainsi que l'intensification de l'exploitation forestière consécutive au dépérissement des arbres peuvent avoir un impact négatif. Enfin, en plus des électrocutions sur pylônes et des collisions avec les lignes, les milans connaissent un nouveau facteur de mortalité, les éoliennes devant lesquelles ils sont assez vulnérables. Des suivis de mortalité sont organisés.
Fort heureusement, il n'y a pas que de mauvaises nouvelles. Après le déclin du siècle dernier, des mesures de conservation ont été prises dans plusieurs pays dont l'effet positif s'est fait rapidement sentir. Ainsi en Suède, de 30-50 couples dans les années 70, la population en était à 1 800 couples en 2007 et la croissance se poursuivait au taux de 13% par an. La Grande Bretagne est devenue également un bastion avec 2 200 couples en 2010 et une capacité estimée de 10 000 couples. Dans le même temps, l'espèce n'est pas en bonne santé au sud, par exemple en Espagne. On assiste à un basculement démographique en faveur du nord de l'aire.
Références utilisées
- Les rapaces diurnes et nocturnes d'Europe, M. Cuisin, P. Geroudet
- Birds of the World, The Cornell Lab of Ornithology
- xeno-canto, Sharing bird sounds from around the world,
- IOC World Bird List (v14.1), Gill, F and D Donsker (Eds). 2024-04-18.
Autres références utiles
- Birdlife
- Avibase
- IUCN Red List Milan royal du site Pouyo et les oiseaux
- Accipitriformes
- Aegotheliformes
- Ansériformes
- Apodiformes
- Aptérygiformes
- Bucérotiformes
- Caprimulgiformes
- Cariamiformes
- Casuariiformes
- Charadriiformes
- Ciconiiformes
- Coliiformes
- Columbiformes
- Coraciiformes
- Cuculiformes
- Eurypygiformes
- Falconiformes
- Galliformes
- Gaviiformes
- Gruiformes
- Leptosomiformes
- Mesitornithiformes
- Musophagiformes
- Nyctibiiformes
- Opisthocomiformes
- Otidiformes
- Passériformes
- Pélécaniformes
- Phaethontiformes
- Phoenicoptériformes
- Piciformes
- Podargiformes
- Podicipédiformes
- Procellariiformes
- Psittaciformes
- Pterocliformes
- Rhéiformes
- Sphénisciformes
- Steatornithiformes
- Strigiformes
- Struthioniformes
- Suliformes
- Tinamiformes
- Trogoniformes