Effraie des clochers Chouette effraie
Tyto alba - Western Barn Owl
Systématique
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Ordre:
Strigiformes
-
Famille:
Tytonidés
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Genre:
Tyto
-
Espèce:
alba
Descripteur
Biométrie
- Taille: 44 cm
- Envergure: 85 à 93 cm.
- Poids:
Longévité
13 ans
Distribution
Identification
L'Effraie des clochers est une chouette de taille moyenne tout à fait distinctive et facile à reconnaître. Son masque facial pâle en forme de cœur, entourant ses yeux sombres assez petits, est caractéristique. Lorsqu'elle est surprise de jour dans sa retraite, elle ferme les yeux et contracte son masque, ce qui lui donne une physionomie particulière.
Les parties supérieures sont grises et rousses, et finement tachetées de blanc et de noir. Les parties inférieures ont une teinte qui va du blanc pur à un roux assez prononcé, avec ou sans tacheture.
Les rémiges et les rectrices sont nettement barrées de noirâtre. Les longs tarses sont étroitement emplumés de blanc ou de roux. Le bec est pâle, couleur corne.
L'espèce compte 10 sous-espèces (anciennement 28 avant les "splits") mais les différences de plumage ne sont pas très importantes entre elles. La ssp "alba" d'Europe de l'Ouest est plus blanche dessous que "guttata" d'Europe centrale qui est nettement rousse avec des taches sombres.
Il n'y a pas de dimorphisme sexuel, mais le mâle est en moyenne plus pâle que la femelle, en particulier sur les côtés de la tête et du cou, et moins tacheté qu'elle.
Le poussin est couvert d'un duvet blanc fourni. Le juvénile est semblable à l'adulte, mais encore plus tacheté.
Indications subspécifiques 10 sous-espèces
- Tyto alba alba (nw Africa, w and s Europe to the Balkans)
- Tyto alba guttata (c Europe and e Balkans to the Ukraine)
- Tyto alba ernesti (Corsica and Sardinia)
- Tyto alba erlangeri (Crete and Cyprus through the Middle East to s Iran)
- Tyto alba schmitzi (Madeira)
- Tyto alba gracilirostris (e Canary Is.)
- Tyto alba detorta (Cape Verde Is.)
- Tyto alba poensis (Africa south of the Sahara, Bioko I.. Gulf of Guinea.)
- Tyto alba thomensis (São Tomé I.. Gulf of Guinea.)
- Tyto alba hypermetra (Comoro Is. and Madagascar)
Noms étrangers
- Western Barn Owl,
- Lechuza común,
- coruja-das-torres-ocidental,
- Schleiereule,
- gyöngybagoly,
- Kerkuil,
- Barbagianni,
- tornuggla,
- Tårnugle,
- plamienka driemavá,
- sova pálená,
- Slørugle,
- tornipöllö,
- Nonnetjie-uil,
- òliba,
- Turnugla,
- płomykówka (zwyczajna),
- plīvurpūce,
- pegasta sova,
- Сипуха,
- メンフクロウ,
- 西仓鸮,
- นกแสก,
- 倉鴞,
Voix chant et cris
Le cri habituel de l'Effraie des clochers est une sorte de gloussement chuinté et éraillé de tonalité élevée, tout à fait intraduisible mais absolument caractéristique. Ce cri est émis assez régulièrement lors de l'envol du gite diurne en début de nuit, puis occasionnellement en cours de nuit, enfin à titre préventif lors de l'arrivée au nid en période de reproduction. C'est un cri de contact et de signalement sur le territoire. Il donne lieu à de nombreuses variantes mais est toujours très reconnaissable.
Les pariades et les accouplements sont accompagnés de cris intimes variés.
Les jeunes au nid quémandent leur nourriture par des chuintements sonores débités à longueur de nuit et qui ne passent pas inaperçus, particulièrement quand cela se passe dans le clocher de l'église au milieu d'un village.
Habitat
L'Effraie des clochers est un oiseau des espaces ouverts, naturels ou non, soit prairies, marais, landes, steppes, savanes, semi-déserts et secondairement bien sûr milieux agricoles.
Encore lui faut-il, pour être présente, des gites diurnes où elle peut passer le jour tranquillement sans être dérangée. Il lui arrive, mais c'est plutôt rare, qu'elle choisisse comme perchoir diurne un arbre au feuillage dense qui la camoufle. Elle préfère nettement un gite plus retiré comme une cavité dans un vieil arbre, un trou dans un rocher ou mieux le bâti humain qui lui offre plus de possibilités. C'est d'ailleurs dans ce dernier habitat qu'elle nidifie le plus souvent, au moins en Europe. Clochers d'églises, combles de châteaux et vieilles bâtisses, greniers, vieux pigeonniers, granges, vieux bâtiments agricoles, hangars avec paille ou foin... font l'affaire. En terrain accidenté, falaises naturelles ou fronts de carrières peuvent aussi l'attirer, mais elle peut y trouver un terrible concurrent, le Hibou grand-duc.
Comportement traits de caractère
La Chouette effraie vit souvent proche de l'Homme et, s'il n'y avait ses cris nocturnes si particuliers, on ignorerait souvent sa présence car elle passe le jour dans des endroits très retirés et calmes. Parmi ceux-ci, les clochers d'église. Et cela est très étonnant car il n'y a pas plus bruyant qu'un clocher lorsque les cloches se mettent à sonner à toute volée. Ce doit être assourdissant. Eh bien les effraies, à l'ouïe si fine, s'en accommodent parfaitement.
Ce sont le plus souvent les cris lancinants des jeunes quémandant leur nourriture à longueur de nuit qui avertissent de leur présence.
On sait que les effraies, comme tous les rapaces rejettent par la bouche deux fois par jour les restes indigestes de leurs proies sous forme de pelotes de régurgitation. Ces pelotes sont un matériel pédagogique de premier choix pour aborder avec des élèves ou des étudiants une problématique écologique simple et très instructive, les rapports prédateurs/proies. Ces pelotes sont donc très recherchées par les enseignants. Il est également possible de suivre avec une caméra infra-rouge les faits et gestes d'un couple d'effraies et de leur progéniture et d'en tirer des enseignements sur la biologie de ces oiseaux.
Un autre moment où l'Homme peut être confronté à la Chouette effraie, c'est de nuit lorsqu'il circule sur les routes de campagne. Les bords de route sont riches en rongeurs et attirent comme des aimants les prédateurs, dont les rapaces nocturnes. Le plus souvent, on aperçoit leur silhouette en vol dans les phares du véhicule. Malheureusement, ces phares peuvent éblouir les oiseaux au point de les désorienter et de les attirer vers eux, ce qui entraîne leur mort par collision. Il a été montré que c'était le facteur de mortalité le plus important chez cette espèce dans nos pays développés. Rappelons qu'il est interdit en France de ramasser le cadavre d'un animal protégé par la loi, excepté pour les personnes qui possèdent une habilitation. Et l'effraie est une espèce protégée.
Notons pour terminer que l'Effraie des clochers aurait pu être appelée "Effraie des greniers". Si vous habitez la campagne, n'hésitez pas à favoriser l'installation de l'effraie chez vous ou dans votre voisinage par la pose de nichoirs dans des lieux appropriés. Des modèles tout faits peuvent être trouvés sur le net, par exemple à la LPO.
Vol
L'effraie possède des ailes larges et assez longues dont les battements amples et souples lui procurent un vol léger et facile qui lui permet de parcourir lentement son terrain de chasse.
Il arrive rarement de voir une effraie chasser de jour. C'est dans ces conditions qu'on peut le mieux apprécier ses capacités car de nuit, on ne voit habituellement qu'une silhouette blanche fugace dans les phares de la voiture.
Alimentationmode et régime
L'Effraie des clochers se nourrit presqu'exclusivement de petits mammifères appartenant à deux ordres, les rongeurs et les insectivores. Ce sont les campagnols et particulièrement le Campagnol des champs, qui constituent la plus grosse partie du régime en Europe. Viennent ensuite les musaraignes pour 1/3 environ et, très loin derrière, les amphibiens (surtout grenouilles), les petits oiseaux et les chauve-souris, puis à dose infinitésimale les gros insectes (hanneton, sauterelle verte...).
L'effraie use de ses deux sens essentiels pour la chasse, la vue et l'ouïe.
L'effraie chasse le plus souvent en vol lent à quelques mètres du sol, les sens en éveil. Plus rarement, elle se tient à l'affût sur un poste dominant et scrute le terrain. Elle se laisse tomber serres en avant sur la proie détectée. Une fois capturée, celle-ci est tuée d'un coup de bec à l'arrière du crâne. La proie est consommée entière. Après digestion, les restes indigestes (poils, plumes, élytres...) sont rejetés par la bouche sous forme de pelotes de régurgitation. Celles-ci sont typiques de l'espèce, ovales et légèrement aplaties, noires et luisantes.
Reproduction nidification
La nidification de l'effraie est cavernicole, c'est à dire qu'elle recherche une cavité pour y faire son nid. Cette cavité peut être celle qui sert de gite diurne à l'un des adultes ou au couple suivant sa taille. À l'origine, la cavité devait être arboricole ou rupestre, un trou dans un vieil arbre ou dans une paroi rocheuse. Mais secondairement, elle s'est adaptée au bâti humain au point que de nos jours, c'est ce milieu qui est majoritairement occupé. Le site de nidification peut être une construction très modeste. Je pense à ce mirador d'observation d'une réserve africaine occupé régulièrement et avec succès par un couple d'effraies. Et cela peut aller jusqu'à une guérite, une meurtrière, une cheminée ou un petit donjon d'un grand château médiéval. Le principal est que le site soit tranquille, sans dérangement, pour que la nidification qui dure quand même plusieurs semaines puisse se dérouler dans de bonnes conditions. Les clochers d'église sont également très recherchés, les effraies nichant alors sur le mur, à la base de la toiture. Malheureusement, du fait de l'invasion des églises par les Pigeons bisets de ville, les issues de nombreux clochers ont été grillagées, ce qui prive l'effraie de ses sites de prédilection et a souvent causé sa mort car, posé de jour, le grillage piège les chouettes qui meurent d'inanition dans le clocher.
La période de nidification est très variable suivant la latitude et, au niveau de l'espèce dans son ensemble, elle a lieu toute l'année. En Europe, elle est printanière et s'étend de mars à juin. À l'opposé en Afrique du Sud, elle a lieu après les pluies, de février à mai pour les régions à pluies d'été et d'août à décembre pour celles à pluies d'hiver.
Le nid lui-même est réduit à sa plus simple expression car l'effraie, comme tous les rapaces nocturnes, ne construit pas de nid. La femelle pond à même le substrat du site. Lorsqu'elle le peut, elle gratte un peu le substrat pour créer une petite cuvette qui recevra la ponte. Le plus souvent, avec le temps en cas d'occupation de longue durée, des pelotes de réjection s'accumulent sur place, se désagrègent et constituent un matelas gris douillet dans lequel la femelle creuse une coupe pour les œufs puis les jeunes.
L'effraie est en âge de se reproduire dès sa 2e année de vie.
En Europe, la femelle pond en moyenne 5 œufs, blancs et subelliptiques, à raison d'un œuf tous les deux jours. La taille de la ponte varie en moyenne de 3 à 7 œufs suivant les régions et les conditions du moment. Occasionnellement, la ponte peut être de 8 à 10 œufs, probablement à l'occasion d'une pullulation des rongeurs proies. L'incubation, qui commence avec la ponte du premier œuf, dure une 30e de jours (29 à 34). Il s'agit d'une adaptation à un régime de pénurie alimentaire. Lorsque les proies se font rares, c'est le plus jeune de la nichée qui disparaît au profit des autres, et ainsi de suite. Cela évite que l'ensemble de la nichée ne périclite. La couvaison est assurée par la femelle nourrie par le mâle. Les poussins nidicoles naissent dans un grand état de dénuement. La femelle les couve et les nourrit pendant environ 25 jours. Le mâle apporte de la nourriture au nid, mais la femelle seule les nourrit. Durant ce laps de temps, la croissance est très rapide. Dès l'âge de 15 jours, le poussin est capable d'avaler seul et en entier une proie de taille moyenne. C'est à ce moment que la femelle se met à chasser elle aussi. Avant l'envol, le poids moyen d'un juvénile dépasse celui d'un adulte à 40 jours. Il décroît ensuite avant l'envol.
Les jeunes quittent le nid à l'âge de 55 jours environ, effectuant alors leur premier vol. Le nombre de jeunes parvenant à l'envol est en moyenne de 3 ou 4 en Europe. Il peut atteindre 10 les années fastes. Ce sont eux qui assurent la dispersion de l'espèce.
Particularité de l'Effraie des clochers, les secondes pontes normales sont assez fréquentes et jouent un rôle important dans la dynamique de l'espèce, sachant entre autres, qu'elles sont plus productives que les premières. On peut donc trouver de jeunes effraies au nid en été chez nous.
D'un autre côté, les nombreuses études ont montré que la mortalité était un facteur démographique important. Une étude dans le nord-est de la France nous apprend que seul 5,7% des jeunes envolés atteignent l'âge de 3 ans. De rares effraies peuvent prétendre vivre une 20e d'années. Cela nous indique que l'espèce mise donc plus sur la productivité en jeunes que sur la longévité des individus pour maintenir ses populations.
Distribution
L'Effraie des clochers était auparavant une espèce cosmopolite présente sur tous les continents excepté bien sûr l'antarctique, et riche de 28 sous-espèces. Depuis les nouvelles dispositions systématiques, les 28 taxons ont été rattachés à 4 nouvelles espèces, dont l'Effraie des clochers stricto sensu qui nous occupe ici et qui elle compte 10 sous-espèces.
2 sous-espèces de l'Effraie des clochers occupent l'ouest du continent eurasiatique, des Îles britanniques à l'Ukraine et au sud de l'Iran en passant par le Moyen-Orient, la sous-espèce type alba à l'ouest et guttata à l'est. En latitude, on trouve alba du nord-ouest de l'Afrique au sud de la Suède. Des sous-espèces particulières habitent les îles de l'Atlantique, Madère, les Canaries et l'archipel du Cap Vert mais pas les Açores. Deux autres habitent les îles méditerranéennes. Elle est largement présente en Afrique à l'exception du Sahara, trop désertique, et de la forêt pluviale du cœur du continent, trop fermée. C'est la ssp alba d'Europe de l'Ouest qui occupe le Maghreb. Au sud du Sahara se trouve poensis. Thomensis habite l'île de Sao Tomé. Enfin, hypermetra est à Madagascar et aux Comores.
Dans toute son aire, l'Effraie des clochers est sédentaire
Menaces - protection
Statut de conservation IUCN
mineure
à l'état sauvage
menacé
évalué
L'Effraie des clochers est une espèce très répandue spatialement mais dont les mœurs nocturnes secrètes empêchent d'apprécier le statut spécifique exact. On sait que sa mortalité est très forte les deux premières années de vie et que ceci est compensé par une forte productivité. Néanmoins, elle ne peut qu'être sensible à toute altération de son habitat, à la fois qualitativement et physionomiquement. L'usage de pesticides en agriculture et la rénovation du bâti humain sont probablement deux facteurs qui jouent défavorablement. Si l'on ajoute à ça la mortalité routière dont on a prouvé qu'elle était le principal facteur de mortalité de l'espèce, on peut craindre quand même pour son avenir. Pour l'instant, elle est classée "Least concern", c'est à dire "non menacée" dans son ensemble, même s'il peut y avoir des problèmes locaux pour elle.
Pour l'amélioration de la productivité en jeunes, la pose de nichoirs est à envisager.
Références utilisées
- L'Effraie des clochers, Muller Yves
- Les rapaces diurnes et nocturnes d'Europe, M. Cuisin, P. Geroudet
- The Barn Owl, Bunn D. S., Warburton A. B., Wilson R. D. S.
- Birds of the World, The Cornell Lab of Ornithology
- xeno-canto, Sharing bird sounds from around the world,
- IOC World Bird List (v14.2), Gill, F and D Donsker (Eds). 2024-04-18.
Autres références utiles
- Accipitriformes
- Aegotheliformes
- Ansériformes
- Apodiformes
- Aptérygiformes
- Bucérotiformes
- Caprimulgiformes
- Cariamiformes
- Casuariiformes
- Charadriiformes
- Ciconiiformes
- Coliiformes
- Columbiformes
- Coraciiformes
- Cuculiformes
- Eurypygiformes
- Falconiformes
- Galliformes
- Gaviiformes
- Gruiformes
- Leptosomiformes
- Mesitornithiformes
- Musophagiformes
- Nyctibiiformes
- Opisthocomiformes
- Otidiformes
- Passériformes
- Pélécaniformes
- Phaethontiformes
- Phoenicoptériformes
- Piciformes
- Podargiformes
- Podicipédiformes
- Procellariiformes
- Psittaciformes
- Pterocliformes
- Rhéiformes
- Sphénisciformes
- Steatornithiformes
- Strigiformes
- Struthioniformes
- Suliformes
- Tinamiformes
- Trogoniformes